Pierre CONESA (ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, Sciences-Po - ENA, écrivain)

Lieu

Salle 501

Cette conférence tente de démontrer que, dans ce régime théocratico-tribal d’Arabie saoudite, la diplomatie d’Etat destinée à sauver le règne des Saoud et la diplomatie religieuse vouée à propager le Wahhabisme (autrement appelé Salafisme) sont mécaniquement liées. Chaque fois que le régime appelle à l’aide aux Occidentaux - c’est à dire les pires ennemis des Oulémas wahhabites-, il sollicite de ces derniers un soutien religieux qui échange, donne aux religieux un pouvoir de plus en plus étendu pour régir la société civile, et gérer les grandes organisations islamistes internationales ou accueillir des étudiants étrangers dans ses universités islamiques. Le régime saoudien établi sur la double légitimité tribale et religieuse, doit concilier ses intérêts dynastiques qui l’amène plus que de raison à en appeler à ses protecteurs « mécréants », avec les prétentions missionnaires planétaires du fondateur du wahhabisme. La question centrale de l’Islam contemporain est de comprendre comment le Wahhabisme, dénoncé comme une dérive sectaire par les différentes autorités religieuses dès sa formulation a pu devenir l’Islam quasi dominant. La radicalisation atteint aujourd’hui toutes les grandes religions (néo-évangélisme américain autour de G W Bush, judaïsme radical dans les territoires occupés, Hindouisme avec l‘arrivée au pouvoir du BJP en Inde, et même Bouddhisme au Myanmar), l’originalité du radicalisme musulman est d’avoir été longtemps soutenu idéologiquement et financièrement par la politique d’Etat d’un pays aux énormes moyens et à la légitimité religieuse indiscutable : l’Arabie saoudite