Quel avenir pour la littérature après la révolution numérique et le tournant global ? Cette interrogation, nous l'adresserons à la littérature contemporaine du Japon aujourd'hui, alors que les trente années de l'ère Heisei viennent de se clore. Le sujet est immense : on proposera ici quelques lignes d'interprétation, dans le cadre d'une histoire de la littérature contemporaine, qui pose le regard externe (par le biais des traductions) comme levier de réflexion. Depuis les années 1985, plus de 900 titres ont été traduits en France. Par une approche sociologique (critères et circuits de sélection, impacts et réception) comparée entre la France et le Japon, nous esquisserons des paysages littéraires qui semblent comme suspendus : entre un patrimoine à défendre et le déclin de la lecture, les mutations éditoriales, la porosité des genres, le renouvellement des auteurs. Mais des dynamiques inédites semblent émerger au Japon, déployant un arc entre l'international et la fragilité post-catastrophe du 11 mars 2011.
Cécile SAKAI
Professeure à l'Université Paris Diderot, est actuellement directrice de l'Institut français de Recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise (Unité mixte de recherche MEAE-CNRS), à Ebisu. Spécialiste de la littérature moderne et contemporaine japonaise, elle est également traductrice littéraire. Elle a notamment publié : Kawabata le clair-obscur- essai sur une écriture de l'ambiguïté, PUF, 2001, rééd. revue et augmentée 2014. Elle a également co-édité (avec Corinne Quentin) L’archipel des séismes – Ecrits du Japon après le 11 mars 2011, Editions Picquier, 2012, et plus récemment (avec Gérald Peloux) : Edogawa Ranpo ou les méandres du roman policier au Japon, Editions Le Lézard Noir, 2018. Elle a traduit une vingtaine d’œuvres japonaises, notamment de Kawabata Yasunari, Tanizaki Jun.ichirô, Kôno Taeko, et en co-traduction Enchi Fumiko, Tsushima Yûko, Abe Kôbô...