Entre 1350 et 1450, la mer de Chine orientale fut ébranlée par l’essor rapide d’une piraterie émanant de l’archipel japonais, connue dans l’historiographie japonaise sous le nom de wakō 倭寇, et qui à son apogée était en mesure de rassembler des centaines de navires pour se lancer à l’assaut des côtes coréennes et chinoises. Si ce phénomène historique a concentré un grand nombre d’études, celles-ci ont souvent tendance à déconnecter cette piraterie de l’élément maritime auquel elle est pourtant intimement liée. Il faut dire que les pirates n’ayant pas eux-mêmes laissé d’écrits, rares sont les sources nous permettant de lever le voile sur leur activité à la mer, avant de toucher terre.
Tirée de nos travaux de thèse, cette conférence portera un éclairage sur les techniques de navigation employées par ces pirates, en partant des pratiques générales employées par tous les marins de l’Asie orientale des XIe - XVe siècles (utilisation des vents et des courants, routes maritimes, technologies nautiques, etc.), pour ensuite distinguer les pratiques plus spécifiques aux flottes pirates. Nous aborderons les routes de navigation suivies, l’utilisation des vents et courants, les saisons de la piraterie, les difficultés propres à la navigation en groupe, mais aussi les navires employés par ces flottes. Nous verrons également comment tous ces aspects ont évolué au fil des décennies, et comment cette piraterie s’est peu à peu adaptée de manière empirique aux conditions particulières de la mer de Chine orientale.
Profil
Damien PELADAN est historien, spécialiste d’Histoire maritime de l’Asie orientale. Sa thèse, intitulée *Le temps de la grande piraterie japonaise : Transformation des circulations maritimes en mer de Chine orientale, 1350-1419*, soutenue à l’Université Paris Cité en janvier 2021, traite du phénomène de piraterie émanant de l’archipel japonais qui a déferlé sur les littoraux coréens et chinois aux xive et xve siècles. Analysant le phénomène sous une pluralité de perspectives (politique, diplomatique, économique, technologique, etc.), ses travaux visent à comprendre dans quelle mesure la configuration des échanges et circulations en mer de Chine orientale a été profondément redéfinie par cette piraterie. Depuis septembre 2021, il occupe les fonctions de maître de conférences au département d’études coréennes de l’université Bordeaux Montaigne.
Prix Shibusawa-Claudel et ouvrages récompensés